Titre de l'invention
Procédé et système d'alimentation électrique autonome par énergie renouvelable.
Domaine de l'invention
La présente invention concerne les systèmes d'alimentation en énergie électrique d'équipements qui nécessitent un moyen d'alimentation autonome par énergie renouvelable comme par exemple ceux situés sur sites isolés de tout réseau électrique ou raccordés à un réseau électrique non permanent
Arrière plan de l'invention
L'alimentation en énergie électrique sur site isolé du réseau électrique, et par extension dans la suite du texte sur des sites raccordés à un réseau électrique non permanent, implique l'emploi d'une source primaire d'énergie qui peut-être d'origine fossile (pétrole, gaz...) ou d'origine dite renouvelable (vent, soleil...). Dans la majeure partie des applications, cette énergie électrique doit être disponible à n'importe quel moment de la journée ou de la nuit, et à n'importe quelle époque de l'année, été comme hiver. Cet impératif est requis en particulier dans le domaine des télécommunications, où l'équipement installé sur site isolé doit fonctionner 24h/24h, 365 jours par an, avec une consommation quasi-constante.
De ce fait, quel que soit le cas, mais plus particulièrement dans celui de sources d'énergie renouvelable, il est nécessaire d'associer à cette source une fonction de stockage, fonction assurée essentiellement par des batteries qui sont le plus souvent de technologie et de conception à base de plomb.
Comme illustré sur la figure 1, une station d'énergie solaire classique 100 est constituée d'un ensemble de panneaux ou modules solaires composés de cellules photovoltaïques 120 (source d'énergie),
d'une batterie au plomb 130 (stockage d'énergie) et d'un dispositif de régulation 160. Dans l'exemple considéré, cette station est destinée à fournir une alimentation en énergie électrique à un équipement de télécommunications 110 tel qu'une antenne ou borne d'un réseau de téléphonie mobile.
Du fait de ses caractéristiques intrinsèques, une batterie au plomb de type forte capacité et décharge relativement lente (i.e. plusieurs jours), qui est bien adaptée aux sources solaires, ne peut rester profondément déchargée pendant une longue période de temps sans se dégrader irréversiblement et perdre de sa capacité. Elle ne doit pas non plus se décharger typiquement de plus de 15 % par 24 h pour limiter le cyclage (fraction de la capacité de la batterie qui est stockée/déstockée) et assurer une durée de vie de plusieurs années. Ceci implique un surdimensionnement de sa capacité par rapport à l'exploitation utile. On prévoit en effet au minimum typiquement 10 jours de capacité alors que 5 pourraient suffire.
Les conditions climatiques changeantes tout au long de l'année induisent certaines difficultés dans la production d'énergie à partir d'une source d'énergie renouvelable (manque de vent pour les éoliennes, manque de soleil pour les panneaux solaires...), ce qui complique le dimensionnement global de la station d'énergie.
Le dispositif de régulation 160 a pour fonction de contrôler la charge et la décharge de la batterie. Une batterie plomb ne pouvant pas être complètement déchargée, sous peine de l'endommager, on utilise un interrupteur 150 pour déconnecter la charge de l'équipement 110 afin de protéger la batterie 130 d'une décharge profonde et prolongée.
Par ailleurs, une batterie plomb ne s'altère pas seulement à cause de décharges profondes ou d'un cyclage trop important, mais également à cause des surcharges. En effet, lorsqu'une batterie est complètement chargée, et qu'elle est connectée à une source telle que des panneaux solaires qui continuent à produire de l'énergie, il y a surcharge, ce qui a pour effet de réduire la durée de vie de cette batterie par oxydation de la grille positive et d'augmenter la maintenance du fait d'une plus grande consommation d'électrolyte. A cet effet, le dispositif de régulation 160 commande aussi un interrupteur 140 qui permet de déconnecter la batterie 130 des modules solaires 120.
Dans ce dernier cas de figure, les modules solaires étant déconnectés bien qu'il y ait un ensoleillement important, l'énergie productible (énergie qui serait produite si les panneaux étaient connectés à une charge ou une batterie déchargée) est perdue. A titre d'exemple, des mesures effectuées sur une station solaire expérimentale ont montré qu'en hiver, l'énergie produite est égale à l'énergie productible. Par conséquent, durant cette saison, on consomme la totalité de la production car la batterie est plus souvent déchargée et l'ensoleillement est faible. A contrario, en été, l'énergie productible est bien supérieure à l'énergie réellement produite, la batterie étant souvent bien chargée avec un ensoleillement important. On remarque donc l'énergie potentiellement productible qui est perdue.
Objet et résumé de l'invention
La présente invention a pour but de remédier aux inconvénients précités et de proposer une solution technique qui permet d'optimiser le stockage et la gestion de l'énergie disponible sur un site isolé, et ce malgré les variations très lentes de production de la source d'énergie (par ex. variations saisonnières de l'énergie solaire de pseudo-période supérieure à l'autonomie du moyen de stockage d'énergie (typiquement de quelques mois) et d'amplitude très importante, (typiquement de plus de 50 % sur la période considérée). Ce but est atteint grâce à un procédé d'alimentation en énergie électrique d'un équipement sur site isolé comprenant une source d'énergie renouvelable et un premier moyen de stockage pour stocker l'énergie produite par ladite source pour un fonctionnement au moins diurne, l'équipement étant destiné à fonctionner dans des conditions météorologiques variables sur plusieurs jours comprenant au moins une longue période de forte production d'énergie correspondant à une surproduction et une longue période de production réduite d'énergie par la source d'énergie renouvelable correspondant à un besoin d'énergie dépassant la capacité du premier moyen de stockage, procédé dans lequel, conformément à l'invention, on connecte la source d'énergie renouvelable à un second moyen de stockage lorsque le premier moyen
de stockage a atteint un niveau de charge prédéterminé et on connecte l'équipement au second moyen de stockage lorsque le premier moyen de stockage a atteint un niveau de décharge prédéterminé.
Ainsi, l'invention propose d'utiliser un second moyen de stockage, indépendant du premier, qui est utilisé pour stocker l'excédent d'énergie produite dans une première période de forte production et pour la restituer lorsque le premier moyen de stockage est vide dans une deuxième période où la production est plus faible. Ce procédé permet, par conséquent, d'adapter le stockage d'énergie et l'alimentation de l'équipement aux fluctuations très lentes mais de grande amplitude (saisonnière) de production de la source d'énergie renouvelable.
Selon un aspect de l'invention le procédé peut comprendre en outre une étape de déconnexion du deuxième moyen de stockage de la source d'énergie lorsque celui-ci a atteint un niveau de charge prédéterminé. On protège ainsi le deuxième moyen de stockage contre les surcharges.
Selon un autre aspect de l'invention le procédé peut comprendre en outre une étape de déconnexion du deuxième moyen de stockage de l'équipement lorsque celui-ci a atteint un niveau de décharge prédéterminé. On protège ainsi le deuxième moyen de stockage contre des décharges profondes.
L'invention a également pour objet un système d'alimentation en énergie électrique pour un équipement sur site isolé comprenant une source d'énergie renouvelable et un premier moyen de stockage pour stocker l'énergie produite par ladite source, l'équipement étant destiné à fonctionner dans des conditions variables comprenant au moins une période de forte production d'énergie et une période de production réduite d'énergie par la source d'énergie renouvelable. Conformément à l'invention, le système comprend en outre un second moyen de stockage, un premier commutateur disposé entre la source d'énergie renouvelable et les premier et second moyens de stockage et un deuxième commutateur disposé entre les premier et second moyens de stockage et l'équipement. Les premier et deuxième commutateurs sont commandés par un dispositif de régulation pour connecter sélectivement la source d'énergie renouvelable aux premier et second moyens de stockage et pour connecter sélectivement l'équipement aux premier et second moyens de stockage en fonction de l'état de charge du premier moyen de stockage.
Comme pour le procédé décrit ci-dessus, ce système permet de stocker le surplus d'énergie habituellement perdu en période de forte production d'énergie et de le restituer au moment le plus utile, à savoir en période de faible production durant laquelle le premier moyen de stockage ne peut être suffisamment rechargé pour fournir une alimentation constante à l'équipement.
Selon un mode de réalisation de l'invention, le premier moyen de stockage comprend au moins un accumulateur tel qu'une batterie nickel- cadmium et le second moyen de stockage comprend au moins un accumulateur tel qu'une batterie plomb.
Selon un aspect de l'invention, on dispose un moyen pour maintenir un courant de charge constant entre la source d'énergie et la batterie du premier moyen de stockage.
La source d'énergie renouvelable peut être formée de modules solaires ou de dispositifs équivalents qui utilisent l'énergie solaire pour produire de l'électricité.
Brève description des dessins
D'autres caractéristiques et avantages de l'invention ressortiront de la description suivante de modes particuliers de réalisation de l'invention, donnés à titre d'exemples non limitatifs, en référence aux dessins annexés, sur lesquels: - la figure 1 est une vue schématique d'un système d'alimentation en énergie électrique selon l'art antérieur ;
- les figures 2A, 2B et 2C sont des vues schématiques d'un mode de réalisation d'un système d'alimentation en énergie électrique conformément à l'invention ; - la figure 3 est une courbe montrant l'influence du système d'alimentation de l'invention sur l'alimentation en énergie électrique d'un équipement sur site isolé ;
- la figure 4 est une vue schématique d'un autre mode de réalisation d'un système d'alimentation en énergie électrique conformément à l'invention ;
- la figure 5 est une courbe montrant l'évolution des états de charge des batteries du système de la figure 4 au cours des saisons ; et
- la figure 6 est une courbe montrant l'évolution jour/nuit de l'état de charge des batteries du système de la figure 4 en été et en hiver.
Description détaillée d'un mode de réalisation
La présente invention est basée sur le principe de l'utilisation d'un moyen de stockage (ex. batterie) supplémentaire en parallèle du moyen de stockage principal jusqu'ici utilisé, les charges/décharges de ces deux moyens de stockage étant, comme décrit plus loin en détail, contrôlés par des moyens de régulation suivant un procédé de l'invention.
Plus précisément, la présente invention propose un système et un procédé de mise en œuvre de ce système qui sont adaptés à ces deux moyens de stockage distincts de manière à définir le principe de "charge intersaisonnière" propre à l'invention. Ce principe se traduit d'une manière générale par un fonctionnement avec des charges/décharges de courte période pour le moyen de stockage principal et un stockage de longue durée (intersaisonnier) pour le moyen de stockage secondaire avec également une régulation pour protéger ceux-ci contre les décharges profondes ou contre les surcharges.
Les caractéristiques des moyens de stockage sont différentes. Le premier moyen de stockage doit être très robuste pour accepter de nombreux cycles de charge et décharge d'une amplitude pouvant atteindre typiquement 20 % de sa capacité.
Le second moyen de stockage doit présenter une très faible autodécharge (perte d'énergie interne), sur une longue durée quelque soient les conditions d'environnement (température, humidité, pression atmosphérique, ...) et de vieillissement.
Le concept de charge intersaîsonnière est présenté sur les figures 2A à 2C, qui représentent un système d'alimentation en énergie électrique 200 comprenant des modules solaires 220 (ex. panneau de cellules photovoltaïques) en tant que source d'énergie renouvelable en électricité, une première batterie électrique 230 en tant que moyen de stockage principal, une seconde batterie électrique 240 en tant que moyen de
stockage secondaire ou longue durée, un équipement 210 à alimenter tel qu'une antenne ou borne d'un réseau de téléphonie mobile et un dispositif de régulation 250 qui commande deux commutateurs 260 et 270, le commutateur 260 étant disposé entre les modules 220 et les deux batteries 230, 240 tandis que le commutateur 270 est quant à lui disposé entre les deux batteries et l'équipement 210. Les commutateurs 260 et 270 peuvent être par exemple des dispositifs bien connus tels que des contacteurs inverseurs ou relais électromécaniques ou électroniques.
Le dispositif de régulation peut être formé d'un circuit électronique (non représenté) qui comprend des moyens de traitement (ex. microcontrôleur programmable) spécifiquement programmés pour réaliser la régulation des batteries telle que décrite ci-dessous. A cet effet, le circuit comprend en outre des moyens de mesure (ex. multimètres) pour surveiller l'état de charge de chaque batterie et des moyens de commande (ex. générateurs de signaux de commandes) pour commander les commutateurs etyou interrupteurs en fonction de valeurs de seuil prédéterminées de charge/décharge des batteries comme expliqué ci- après.
Le système de l'invention est ici décrit avec une source d'énergie électrique renouvelable de type solaire. Toutefois, le système peut utiliser d'autres sources d'énergie renouvelable telles qu'une installation éolienne ou encore une combinaison de plusieurs types de sources d'énergie renouvelable. De même, le moyen de stockage longue durée utilisé dans l'exemple décrit ici est une batterie électrique. Ce moyen pourrait également être une pile à combustible réversible à stockage d'hydrogène ou encore un système de stockage par bouteille d'air comprimé remplie (i.e. chargée) par un compresseur alimenté par la source d'énergie renouvelable, la restitution d'énergie électrique (i.e. décharge) se faisant à l'aide d'un moteur à air comprimé et d'une dynamo. La figure 2A représente le système 200 en fonctionnement normal, c'est-à-dire en utilisant seulement la batterie 230, la charge intersaisonnière n'étant pas mise en oeuvre. Dans cette configuration, les commutateurs 260 et 270 sont tout deux commandés par le dispositif de régulation 250 pour être placés sur la position A de manière à ce que les modules solaires 220 chargent la batterie 230 tout en alimentant l'équipement 210.
Une fois la batterie 230 rechargée, le dispositif de régulation 250 commande le commutateur 260 pour qu'il bascule sur la position B, c'est- à-dire sur la batterie 250 comme montré sur la figure 2B. L'énergie électrique produite par les modules solaires 220, auparavant perdue, est basculée sur la batterie 250, laquelle se charge de l'excédent d'énergie productible. La configuration du système 200 montrée sur la figure 2B correspond à celle utilisée en été et en automne où l'ensoleillement est important.
En hiver, si le système est correctement dimensionné (i.e. production énergétique par rapport au besoin équipement) il n'y pas de surplus d'énergie solaire. La configuration du système en hiver est alors celle de la figure 2A. Cependant, durant l'hiver ou de longues périodes de manque de soleil, la batterie 230 peut se décharger dans l'équipement 210 jusqu'au point d'être vidée. Le dispositif de régulation commande alors, à partir d'un seuil de décharge prédéterminé de la batterie 230, le commutateur 270 pour qu'il bascule en position B de manière à protéger la batterie 230 d'une décharge excessive comme illustré sur la figure 2C. En basculant dans cette position, le commutateur 270 connecte la batterie 240 qui s'est chargée durant l'été et l'automne sur l'équipement qui continue d'être alimenté par cette dernière. La batterie 230 quant à elle se charge avec une production d'énergie électrique faible issue des modules solaires 220 jusqu'à atteindre un niveau de charge prédéterminé où le commutateur 260 est rebasculé à nouveau sur la position B par le dispositif de régulation 250, c'est-à-dire sur la batterie 240. Le dispositif de régulation 250 commande par conséquent le basculement des commutateurs 260 et 270 en fonction des niveaux de charge et décharge de la batterie 230. A cet effet, il possède des moyens de mesure (non représenté) du niveau de charge/décharge de cette batterie. Les courbes représentées en figure 3 permettent de comparer le fonctionnement d'une installation avec ou sans charge intersaisonnière, c'est-à-dire avec ou sans batterie secondaire utilisée comme expliqué précédemment. La courbe en trait fin (série 1) représente le fonctionnement d'une installation, telle que celle représentée en figure 1, sans batterie secondaire qui subit des coupures d'alimentation (pics vers 0). La courbe en trait épais (série 2) représente le fonctionnement d'une
installation avec batterie secondaire, comme sur les figures 2A à 2C, pour lequel il n'y pas de coupure d'alimentation.
Concernant le type de batterie utilisé dans le système de l'invention, l'utilisation d'une seconde batterie 240 permet de réduire la capacité de la batterie principale 230 au strict minimum, c'est-à-dire à 3 ou 4 jours d'autonomie, contre habituellement 8 à 12 jours d'autonomie (selon le lieu géographique).
Il en résulte aussi une diminution du coût pour la batterie principale, qui doit être normalement de technologie robuste et, par conséquent, relativement cher.
Le stockage d'énergie excédentaire permet également soit de réduire la surface des panneaux de modules solaires pour une même application, panneaux qui eux aussi sont coûteux, soit, pour une même surface de modules solaires, de fournir plus de puissance moyenne sur l'année (la puissance moyenne est équivalente à une puissance permanente assez constante absorbée par un équipement de télécommunication).
Le coût global de la station est ainsi minimisé.
Par conséquent, la batterie principale 230 est de préférence une batterie de technologie nickel-cadmium et de type cyclage intensif ou solaire. En effet, le fait de dimensionner l'autonomie de cette batterie à 3 ou 4 jours par exemple, implique qu'elle sera beaucoup sollicitée, subissant, chaque jour, des charges et des décharges importantes
(cyclage diurne typique de l'énergie solaire), conditions pour lesquelles la technologie nickel-cadmium, par ailleurs peu sensible aux variations de températures, est dans certains environnements mieux adaptée que la technologie au plomb.
La batterie secondaire 240, quant à elle, est beaucoup moins sollicitée si bien qu'une technologie classique plomb stationnaire, moins onéreuse qu'une batterie de cyclage, peut être employée. Ce type de batterie a de plus l'avantage, important ici, d'avoir une faible autodécharge. Toutes les batteries souffrent en effet de l'autodécharge, mais celle-ci est la plus élevée pour celles au nickel alors qu'elle est la plus faible pour celles au plomb qui ne présentent une autodécharge typiquement que de 5% par mois et plus faible à basse température, ce
qui est intéressant pour un besoin en hiver. Cependant, il faut aussi choisir une technologie capable de restituer sa capacité.
La figure 4 illustre un autre mode de réalisation du système d'alimentation de l'invention qui diffère de celui des figures 2A à 2C en ce qu'il permet une régulation de la batterie secondaire de manière à la protéger contre les surcharges quand il y a encore trop d'énergie produite l'été et contre les décharges profondes en cas de conditions exceptionnellement mauvaises. Le système d'alimentation 300 représenté en figure 4 comprend des modules solaires 320, une batterie principale 330, une batterie secondaire 340, un équipement 310 à alimenter tel qu'une antenne ou borne d'un réseau de téléphonie mobile et un dispositif de régulation 350 qui commande deux commutateurs 360 et 370 (ex. contacteurs inverseurs ou relais), le commutateur 360 connectant sélectivement les modules 320 à l'une des deux batteries 330, 340 tandis que le commutateur 370 connecte sélectivement l'une des deux batteries à l'équipement 310. Dans ce mode de réalisation, le dispositif de régulation 350 commande en outre deux interrupteurs 380 et 390, tels que des contacteurs à ouverture (ex. relais qui s'ouvrent lorsqu'ils sont commandés), qui sont respectivement disposés de chaque côté de la batterie 340 entre les deux commutateurs 360 et 370. Les deux interrupteurs 380, 390 ainsi disposés forment un dispositif qui permet de protéger la batterie 240 contre les surcharges et les décharges excessives.
Par ailleurs, comme pour la batterie principale 230 décrite précédemment, la batterie principale 330 du système 300 de la figure 4 est de préférence une batterie de type nickel-cadmium (NiCd) qui supporte mieux les fréquentes sollicitations en charge/décharge qu'une batterie plomb. Toutefois, une batterie de type NiCd doit, pour être chargée à 100%, absorber 140% de sa capacité. A cet effet, lorsqu'on utilise ce type de batterie, le système de l'invention peut comprendre en outre une résistance ou un dispositif électronique limiteur de courant équivalent 361 placé en parallèle sur le commutateur 360 situé entre les modules solaires 320 et la batterie principale 330, comme indiqué en figure 4.
La résistance ou le dispositif électronique équivalent 361 permet à la batterie 330 de finir sa charge correctement lorsque celle-ci est déconnectée de la source de production d'énergie électrique en général à
90% de sa charge. A cet effet, la résistance 361 doit être choisie de manière à permettre une charge avec une tension haute et un courant faible déterminé en fonction de la capacité de la batterie. En effet, pour une batterie NiCd de capacité C en Ah (ampère(s)-heure(s)), il faut un courant de C/50 à C/100 en A, de manière à lui fournir les 140% de sa capacité pour qu'elle soit chargée à 100%.
La valeur R de la résistance 361 est définie par la relation :
R _ Upv - UbI IbI + Iu
avec Upv :Tension des modules solaires UbI : Tension batterie principale IbI : Courant batterie principale Iu : Courant utilisé par l'équipement
Par exemple, lorsque Upv = 36 V (tension la plus haute correspondant à la régulation de charge de la batterie secondaire, c'est à dire panneaux solaires presque à vide), UbI = 28 V (tension de la batterie principale vers la fin de charge), IbI = 1,5 A et Iu = 2,5 A, on a R = 2 Ω. A la place de la résistance 361, on peut également utiliser tout moyen équivalent qui permet de délivrer un courant spécifique tel qu'une source de courant continu comme par exemple un circuit MOS à découpage haute fréquence.
On décrit maintenant les différentes étapes de régulation qui peuvent intervenir lors d'une charge intersaisonnière avec le système de la figure 4. Les étapes de régulation décrites ci-dessous sont mises en œuvre à partir du dispositif de régulation 350 qui commande à la fois les commutateurs 360 et 370 ainsi que les interrupteurs 380 et 390.
Dans l'exemple de la figure 4, la batterie principale 330 est une batterie NiCd composée d'une série de 19 éléments ou cellules élémentaires de 1,2 V nominal (la tension réelle variant de 1 à 1,7 V selon la charge) et qui présente une capacité de 214 Ah. La batterie secondaire
340 est quant à elle une batterie plomb étanche d'une capacité de 400 Ah formée de 12 éléments de 2 V nominal (la tension réelle variant de 1,9 à 2,5 V).
Etape 1 : charge de la batterie principale 330.
La batterie principale 330 est chargée par les modules solaires 320 jusqu'à 90 % via le commutateur 360 en position A. La batterie secondaire 340 est déconnectée. L'équipement 310 est alimenté par la batterie 330 la nuit via le commutateur 370 en position A.
La détection de fin de charge de la batterie 330 (90 %) correspond à un seuil de tension haute de 1,6 V par élément de celle-ci, soit 30,4 V.
Etape 2 : fin de charge de la batterie principale 330 et charge de la batterie secondaire 340.
A la détection du seuil de tension haute de 30,4 V, le commutateur 360 bascule sur la position B, c'est-à-dire dirige la majeure partie du flux d'énergie délivrée par les modules solaires vers la batterie 340 qui se charge (l'interrupteur 390 étant fermé au repos).
Une petite partie de la production d'énergie est canalisée par la résistance 361 vers l'équipement 310 (via le commutateur 370 en position A) et vers la batterie 330, ce qui permet à cette dernière de finir sa charge correctement (i.e. avec un courant de l'ordre de 1 à 2 A).
Etape 3 : fin de charge des batteries 330 et 340. Lorsque la tension Ub2 de la batterie 340 atteint 29 à 30 V, l'interrupteur 390 est commandé pour qu'il s'ouvre de manière à limiter la surcharge de la batterie 340. La batterie 330 continue sa fin de charge à courant faible via la résistance 361.
Etape 4 : remise en charge de la batterie 330.
Lorsqu'il fait nuit, ou lorsque la production des modules solaires est faible, le courant est délivré à l'équipement par la batterie 330, qui se décharge. La tension de la batterie 330 chute, jusqu'au seuil de tension de 27,5 V (1,45 V par élément). Le commutateur 360 est alors rebasculé en position A de manière à recharger la batterie 330 au retour du jour ou d'un ensoleillement suffisant.
Etape 5 : remise en charge de la batterie 340.
Si la tension de la batterie 340 diminue jusqu'à un seuil de tension de 27 à 28 V, l'interrupteur 390 n'est plus actionné, et retrouve sa position de repos (i.e. fermé).
Etape 6 : fin de décharge de la batterie 330.
Lorsque la batterie 330 est déchargée (10% de capacité restante, soit UbI = 21 V), le commutateur 370 est basculé en position B. La batterie 340 prend alors le relais en fournissant l'énergie nécessaire à l'équipement 310.
Etape 7 : Fin de décharge de la batterie 340.
Lorsque la batterie 340 est déchargée de 90%, c'est-à-dire Ub2 = 22,8 V (période de très mauvais temps en hiver), l'interrupteur 380 s'ouvre pour protéger celle-ci d'une décharge profonde. L'équipement n'est alors plus alimenté. (Conditions météorologiques exceptionnelles).
Etape 8 : reconnexion de la batterie 330.
Lorsque la batterie 330 est suffisamment rechargée (UbI = 23,5 à 24 V), on rebascule le commutateur 370 en position A pour que la batterie 330 alimente de nouveau l'équipement 310.
Etape 9 : reconnexion de la batterie 340
Lorsque la batterie 340 est suffisamment rechargée (Ub2= 25 à 26 V), l'interrupteur 380 n'est plus actionné et retrouve sa position repos (i.e. fermé).
La figure 5 montre les états de charge moyens (hors cycle quotidien) au cours des saisons, des batteries 330 et 340. La zone E correspond à la période de stockage dans la batterie secondaire de l'excédent d'énergie électrique produite en été et la zone H à la restitution de cette énergie par la batterie secondaire en hiver.
La figure 6 montre un exemple d'évolution jour/nuit de l'état des batteries 330 et 340 en fin de charge l'été (graphique du haut) et en fin de décharge l'hiver (graphique du bas). En été, TE1 correspond à la déconnexion de la batterie principale
330 des modules solaires 320 qui continue à se charger via la résistance
361 et au début de la charge de la batterie secondaire 340 (commutateur 360 en position A). TE2 correspond au début de la décharge de la batterie 330. TE3 correspond à la fin de charge de la batterie 330. TE4 correspond à la fin de la charge de la batterie 340 où l'interrupteur 390 est ouvert. En hiver, TH1 correspond au moment où l'on bascule le commutateur 370 en position B pour déconnecter la batterie principale 330 de l'équipement 310 et alimenter ce dernier avec la batterie secondaire 340. TH2 correspond à la déconnexion de la batterie secondaire 340 de l'équipement 310 pour la protéger contre une décharge excessive. La période située entre TH2 et TH3 correspond à la déconnexion exceptionnelle des deux batteries de l'équipement jusqu'à ce que la batterie principale 330 se recharge suffisamment pour être reconnecter à l'équipement (TΗ3).
Selon une variante de réalisation, on peut utiliser, à la place de l'interrupteur 390, un régulateur de charge à découpage (maintien d'une tension constante de charge du plomb).
Suivant une autre variante, entre les modules solaires 320 et le commutateur 360, on peut intercaler un convertisseur de recherche du point de production maximale des modules solaires (MPPT : Maximum Power Point Tracker) qui permet de gagner 15 à 30% d'énergie produite sur l'année.
En entrée de l'interrupteur 390, sur la batterie 340, on peut installer un générateur d'appoint, tel qu'une petite éolienne, pour compenser l'autodécharge sur les longues périodes et pour éviter de la laisser profondément déchargée trop longtemps ce qui nuirait à sa durée de vie.