Stockage de pièces découpées dans un matelas
La présente invention concerne le stockage de pièces découpées dans un matelas formé de plis superposés de matière souple en feuille, notamment de tissu.
Un domaine préféré d'application de l'invention est celui de l'industrie de la confection. Dans cette industrie, la production s'articule notamment autour d'un atelier de coupe, doté d'au moins une machine de coupe automatique, et d'un atelier de confection où sont assurées les opérations de montage, piquage et finition des produits.
Habituellement, en sortie de machine de coupe, il est procédé à des opérations de séparation des pièces découpées et des déchets (squelette du matelas), de tri et, éventuellement, de marquage des pièces coupées, et de conditionnement des pièces coupées en paquets cohérents pour l'atelier de confection.
Il en résulte une double manipulation des paquets de pièces : à l'atelier de coupe pour leur conditionnement et en réception à l'atelier de confection pour ôter les emballages. De plus, le coût du conditionnement est important en raison du grand nombre de pièces dans un matelas. D'autres problèmes peuvent être rencontrés, telle la perte de paquets de pièces, surtout pour les pièces de petites tailles, et la décohésion accidentelle des paquets pouvant entraîner la perte ou la dégradation de pièces. Ces problèmes deviennent encore plus préoccupants lorsque, comme on l'observe de plus en plus, les opération de coupe et de confection sont réalisées en des sites géographique- ment éloignés les uns des autres. Il en est ainsi dans le cas d'entreprises réalisant la coupe à façon pour des clients différents non nécessairement installés à proximité. Il en est également ainsi lorsque, pour des raisons de coûts de main-d'oeuvre, la confection est délocalisée et les pièces coupées doivent être acheminées dans des pays éloignés. L'invention a pour but de résoudre ces problèmes et propose à cet effet un procédé de stockage de pièces découpées dans un matelas, selon lequel, après découpe des pièces, le matelas est emballé entièrement, sans séparer les pièces découpées des chutes générées.
Ainsi, et contrairement à ce qui est pratiqué de façon habituelle, les pièces découpées ne sont pas séparées du reste, ou squelette, du matelas en sortie de machine de coupe. Le matelas emballé peut être transféré jusqu'à un atelier de
confection, de sorte que la déstructuration du matelas est réalisée en réception de l'atelier de confection. Il n'y a pas double manipulation des piles de pièces coupées, ou bûches, et les risques de perte ou d'endommagement des bûches pendant leur transport sont éliminés. Avantageusement, le matelas coupé est emballé à l'état comprimé, à l'intérieur d'une enveloppe étanche, afin de diminuer autant que possible son encombrement.
Avantageusement encore, le matelas coupé est emballé à l'intérieur d'une enveloppe flexible qui est roulée sur elle-même et maintenue dans cette forme de sorte que le matelas emballé peut être stocké et transporté à l'intérieur d'un conteneur parallélépipédique.
Selon une particularité du procédé, on associe au matelas un support d'informations comprenant au moins certaines informations parmi des informations d'identification du matelas, des informations relatives au placement ou à chaque placement des pièces découpées dans le matelas et des informations relatives au montage des pièces. Les informations relatives à un placement des pièces dans le matelas comprennent des informations relatives aux emplacements des pièces et des informations d'identification des pièces.
Ces informations peuvent figurer, au moins pour partie, sur une étiquette collée sur le matelas ou l'enveloppe dans laquelle il est emballé, et/ou sur un support d'informations numériques tel qu'une disquette qui est emballée avec le matelas ou expédiée séparément à l'atelier de confection. Il est possible aussi de transférer les informations numériques relatives à un matelas expédié via un réseau de télécommunications. Un mode particulier de réalisation de l'invention sera maintenant décrit à titre indicatif mais non limitatif, en référence aux dessins annexés sur lesquels :
- la figure 1 est un diagramme montrant des étapes d'un procédé selon l'invention ;
- La figure 2 (2A et 2B) montre schématiquement en perspective une machine de coupe et une installation d'emballage permettant la mise en oeuvre du procédé ; et
- la figure 3 est une vue schématique d'un matelas coupé emballé en sortie de l'installation de la figure 2.
Les références A et B de la figure 1 désignent, respectivement, un atelier de coupe automatique et d'emballage, et un atelier de confection. Ces
ateliers peuvent être implantés dans des sites éloignés géographiquement l'un de l'autre.
En amont d'un poste de coupe automatique, une opération de matelassage 1 est réalisée consistant à superposer des couches ou plis de matériau souple en feuille, par exemple des plis de tissu destinés à être coupés simultanément.
Le matelas ainsi obtenu subit une coupe automatique 2 au moyen d'un outil déplacé le long de trajectoires correspondant aux contours de pièces à découper, les pièces étant découpées entièrement. Le matelas découpé est emballé entièrement, sans séparer les pièces coupées des chutes générées, c'est-à-dire du squelette. L'emballage 3 est effectué en insérant le matelas dans une enveloppe souple. De préférence, l'enveloppe est étanche et le matelas est comprimé afin de réduire l'encombrement.
Le conditionnement 4 du matelas emballé est par exemple réalisé en emoulant le matelas sur lui-même et en le maintenant dans cette forme pour le loger dans un conteneur parallélépipédique. Le conditionnement du matelas permet son stockage et son transport 5 vers l'atelier de confection B..
Les opérations de matelassage, coupe automatique et emballage sont réalisées sous la commande d'une unité de commande 100. Le déplacement de l'outil est commandé en fonction d'informations enregistrées dans l'unité de commande définissant le ou chaque placement des pièces à découper dans le matelas. Comme il est bien connu, le placement est réalisé de manière à minimiser les chutes de matière.
Différentes informations sont associées au matelas, telles que des informations d'identification du matelas et de sa destination, des informations d'identification du placement et des informations relatives au montage ultérieur des pièces coupées dans le matelas.
Des informations identifiant le matelas et sa destination peuvent être imprimées au moyen de l'unité de commande 100 sur une ou plusieurs étiquettes 101 collées sur le matelas emballé et/ou sur son conditionnement.
Des informations identifiant le ou chaque placement, telles que des informations d'identification des pièces découpées et des informations relatives aux emplacements des pièces, qui sont stockées en mémoire de l'unité de commande 100, sont enregistrées sous forme numérique sur un support d'informations 102, par exemple une disquette, au moyen de l'unité de commande 100. Des informations relatives au montage des pièces, par exemple identifiant les
pièces à assembler entre elles et leurs positions relatives peuvent aussi être enregistrées sur la disquette 102. La disquette 102 est conditionnée avec le matelas ou est transmise à l'atelier de confection B par tout autre mode d'expédition 5a. En variante, l'envoi à l'atelier de confection B des informations numériques relatives au placement et au montage des pièces peut être effectué par transmission 5b sur un réseau de télécommunications.
Le matelas reçu à l'atelier de confection subit une opération de déballage 6, puis de déstructuration 7. Cette dernière opération consiste à séparer les paquets de pièces découpées, ou bûches, du reste du matelas, ou squelette. Les informations lues sur la disquette 102 ou reçues après transmission sur réseau 5b sont traitées par une unité centrale 110 afin, le cas échéant, d'assister les opérateurs lors de la déstructuration 7 du matelas et du montage 8 des pièces. Ainsi, le repérage de chaque paquet de pièces à évacuer peut être facilité en projetant sur le matelas, à l'emplacement de ce paquet, une information lumineuse identifiant le paquet et/ou son emplacement, en utilisant les informations relatives au placement.
Un autre procédé de repérage, permettant l'identification des pièces avant ou après leur découpe est décrit dans le document FR-A-2710432.
Le montage des pièces appartenant aux paquets de pièces identifiés est réalisé avec l'aide des instructions de montage figurant dans les informations reçues.
En variante, les informations d'identification des pièces, et éventuellement de montage de celles-ci, peuvent être portées sur des étiquettes apposées sur les paquets de pièces ou à l'emplacement de ceux-ci, après, pendant ou avant la coupe automatique. Des procédés d'étiquetage associés à des machines de coupe automatique ou des dispositifs de matelassage sont connus, notamment des documents US-A-4514246, US-A-5092829 et US-A-5 230765.
Après montage, les pièces subissent les opérations 9 de piquage et de finition. Une description plus détaillée d'une machine de coupe et d'une installation d'emballage de matelas coupé sera maintenant donnée en référence à la figure 2.
La machine de coupe comprend une table de coupe 10 constituée par le brin supérieur horizontal d'un convoyeur sans fin 12. Celui-ci est logé, à l'exception de sa surface supérieure délimitant la table 10, à l'intérieur d'un caisson
14. Des moyens d'aspiration sont disposés à l'intérieur du caisson afin d'y établir une dépression.
Le convoyeur 12 est constitué de blocs supports 12a présentant ou ménageant des passages faisant communiquer l'intérieur du caisson avec la surface de la table 10. Les blocs, par exemple en matière plastique, comportent une base de laquelle font saillie une pluralité d'éléments filiformes. De la sorte, une lame peut pénétrer dans la surface de la table 10 et se mouvoir horizontalement dans toutes directions sans être endommagée et sans endommager les blocs supports 12a.
Un matériau souple en feuille à découper est amené sur la table 10 en plis superposés formant un matelas 20. Celui-ci est constitué sur une table de matelassage 22, en amont de la table de coupe, et est avancé sur la table de coupe en direction X par commande du moteur d'entraînement (non représenté) du convoyeur 12.
Un film 30 en matière plastique étanche à l'air, par exemple un film de polyéthylène tiré d'un rouleau 32, est déposé sur le matelas 20 afin de le couvrir complètement.
La découpe du matelas 20 porté par la table 10 et recouvert par le film 30 est réalisée au moyen d'une tête de coupe 40. La tête de coupe peut être amenée en toute position au-dessus de la table 10 par commande de son déplacement horizontal parallèlement à la direction longitudinale X du convoyeur 12 et à la direction transversale Y perpendiculaire à X.
La tête de coupe 40 est montée sur un bloc 42 qui est mobile en direction Y le long d'une poutre transversale 44, sous la commande d'un moteur 46. La poutre 44 est guidée à ses extrémités le long des bords longitudinaux du convoyeur 12 et est entraînée en direction X sous la commande d'un moteur 48. L'entraînement du bloc 42 peut être réalisé de façon classique par l'intermédiaire de câbles ou, comme illustré, de vis sans fin 47. L'entraînement de la poutre 44 peut également être réalisé par l'intermédiaire de câbles ou vis sans fin ou, comme illustré, par roues dentées et crémaillères 49, celles-ci étant montées sur les rebords longitudinaux supérieurs du caisson 14.
La tête de coupe 40 porte une lame de coupe 50 suspendue verticalement sous un plateau rotatif 52. Du côté supérieur, le plateau 52 est fixé à l'extrémité d'une bielle d'un système bielle-manivelle couplé à un moteur 54 permettant d'imprimer au plateau 52 et à la lame 50 un mouvement vertical alternatif. L'orientation de la lame de coupe 50 est commandée par un moteur 58 situé sous le plateau 52.
Les déplacements et l'actionnement de la tête de coupe 40 sont commandés au moyen d'un calculateur 100. Celui-ci commande également l'avance du convoyeur 12 et la mise en dépression du caisson 14 grâce à laquelle le matelas 20 recouvert du film étanche 30 est fermement maintenu sur la table 10. Une installation telle que décrite ci-avant est bien connue de l'homme de l'art. On pourra pas exemple se référer au document US-A-3 848490. Les déplacements de la tête de coupe en X, Y sont commandés de manière à découper les pièces 21 (dont quelques contours sont représentés sur la figure 1) dans le matelas 20 suivant un placement prédéterminé ou éventuellement plusieurs placements. Les pièces 21 sont par exemple des éléments constitutifs de vêtements et leur placement est notamment déterminé pour minimiser les pertes de matière. Pendant la coupe, l'orientation de la lame de coupe est commandée de manière à rester tangente ou sensiblement tangente au contour de la pièce découpée. Lorsqu'une section du matelas 20 présente sur la table 10 a été coupée, avec le film 30, une avance du convoyeur 12 est commandée pour amener une nouvelle section de matelas, ou un nouveau matelas. Il est également possible de réaliser l'avance du matelas sans interruption de la coupe, des longueurs successives de matelas étant amenées sur la table de coupe au fur et à mesure de la progression de l'opération de coupe. Un procédé permettant de réaliser l'avance du matelas en temps masqué pendant la découpe est décrit dans le document EP-A-0 708700.
Conformément à l'invention, des moyens sont agencés en aval de la table de coupe 10 pour emballer le matelas coupé 20, dans son intégralité, sans en séparer les pièces 21.
L'emballage du matelas comprend par exemple les opérations qui consistent à :
- entourer le matelas par une bande d'un film de matière plastique qui couvre chaque face du matelas et une extrémité longitudinale,
- comprimer le matelas muni de la bande de film plastique,
- souder la bande de film plastique le long de ses bords longitudinaux, - éventuellement, après une compression supplémentaire du matelas et/ou avec mise sous vide, fermer la bande de film plastique à ses extrémités, à l'autre extrémité longitudinale de matelas, de sorte que celui-ci est emballé à l'état comprimé de façon étanche, et
- enrouler le matelas emballé sur lui-même pour pouvoir le loger à l'intérieur d'un conteneur parallélépipédique.
En sortie de la table de coupe 10 et dans l'alignement de celle-ci, le matelas 20 est reçu sur une table 60 constituée par la partie supérieure horizontale d'un tapis sans fin d'un convoyeur 62. Tant que le matelas 20 n'est pas extrait totalement de la table de coupe 10, le convoyeur 62 peut être débrayé de sorte que le matelas 20 ne subit pas de contraintes au fur et à mesure de son avance sur le convoyeur.
Un film de matière plastique souple 70 tiré d'un rouleau de stockage 72 entoure le convoyeur 62 en passant sur un premier rouleau de renvoi 74 à l'extrémité amont de la table 60, au-dessus de celle-ci, sur deux rouleaux de renvoi 76a, 76b à l'extrémité aval du convoyeur 62 et est accroché à son extrémité sur une barre 68 située à l'extrémité amont du convoyeur 62, au-dessous de celui- ci.
Lorsque le matelas 20 est sorti de la table de coupe 10, le film 70 est sectionné transversalement sur son trajet entre le rouleau de stockage 72 et le rouleau de renvoi 74. Cette coupe du film peut être effectuée manuellement ou, de façon automatique, au moyen d'une lame 64 montée sur un bloc solidaire d'un câble 66 qui s'étend transversalement par rapport au trajet du film 70. Le câble 66 forme une boucle sans fin passant sur une roue motrice 66a, à une extrémité et sur une roue de renvoi (non représentée) à l'autre extrémité. La roue 66a est entraînée par un moteur réversible 68 de manière à faire décrire à la lame 64 une trajectoire s'étendant sur toute la largeur du film 70 depuis une position de repos située latéralement par rapport au film.
Après coupe du film 70, le convoyeur 62 est entraîné pour amener le matelas sur une table de transfert 80 dont la surface est formée par exemple de rouleaux fous. Dans cette position, le matelas 20 est entouré par une bande de film plastique qui couvre les faces supérieure et inférieure du matelas ainsi que son bord d'extrémité aval 20ç.. Le long de ses bords longitudinaux 70a, 70b, la bande de film plastique, qui est plus large que le matelas, dépasse de celui-ci de chaque côté. A ses extrémités 704 la bande de film plastique dépasse du matelas, au-delà du bord d'extrémité amont 20d_ du matelas.
Le matelas ainsi entouré par la bande de film plastique est amené entre les deux plateaux d'une presse 82, respectivement un plateau inférieur fixe 82a, et un plateau supérieur mobile 82b. Une première compression du matelas est réalisée au moyen de la presse et les bords longitudinaux de la bande de film plastique sont soudés. Le soudage est réalisé de chaque côté du matelas au moyen d'un outil
chauffant 84, dans lequel les deux parties se faisant face d'un bord longitudinal du film 70 sont serrées pour être liées l'une à l'autre.
Une compression supplémentaire du matelas peut ensuite être réalisée avant fermeture complète de la bande de film plastique à ses extrémités 70d. Cette compression supplémentaire peut être accompagnée d'une mise sous vide au moins partielle. La fermeture de la bande de film plastique est réalisée par soudage au moyen d'un outil chauffant 86 dans lequel les extrémités 70d sont serrées pour être liées l'une à l'autre. On obtient alors un matelas comprimé emballé de façon étanche dans une enveloppe 90 formée par un film plastique souple. La compression du matelas 20 vise à diminuer son encombrement mais doit rester limitée pour ne pas endommager les pièces 21.
Le film plastique est par exemple en polyéthylène. On notera que la compression du matelas peut en variante être réalisée au moins en partie en utilisant un film plastique thermorétractable. Le matelas comprimé emballé est évacué sur une table de transfert 88 d'où il peut être repris afin d'être enroulé sur lui-même autour d'un mandrin rotatif 92. Le matelas est enroulé avec un film de maintien 94 tiré d'un rouleau de stockage 96 et dont l'extrémité est fixée initialement sur le mandrin 92. Le film 94 est par exemple en polyéthylène. A la fin de l'enroulement, le film 94 est coupé et le matelas est maintenu dans cet état par exemple au moyen de ruban adhésif 98 qui maintient l'extrémité coupée 94a du film 94 (figure 3). Dans cet état, le matelas peut être conditionné à l'intérieur d'un conteneur parallélépipédique, par exemple en carton. Une étiquette peut être apposée sur le matelas enroulé et sur le conteneur, tandis qu'une disquette peut être conditionnée avec le matelas dans le conteneur. La ou les étiquettes sont produites par une imprimante 103 reliée à l'unité de commande 100 tandis que la disquette 102 est fournie par un dispositif 104 de lecture/écriture également relié à l'unité de commande 100.
On notera que l'installation d'emballage décrite ci-dessus est d'un type connu en soi pour l'emballage de matelas de literie. On pourra se référer notamment au document US-A-4 711 067. D'autres techniques d'emballage pourront être utilisées pour emballer le matelas coupé à l'état comprimé ou non. Par exemple, le matelas issu de la table de coupe peut être introduit à l'intérieur d'une gaine de matière plastique souple qu'il suffit de sceller ultérieurement, à ses extrémités, après compression éventuelle du matelas ou au cours de cette
compression réalisée par des moyens mécaniques et/ou en utilisant une gaine thermorétractable.